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La lettre d ’ Alma N o v e m b r e 2 0 2 2 www.almalang.com YouTube: Alma Publishing

Moi, je… Communication A2 et La culture française (qui remplace La société française ). Nous sommes encore en train d’y travailler, et ces trois manuels seront publiés sous forme papier fin février 2023. Ils se ront donc disponibles pour la ren trée d’avril 2023. Si vous vous inté ressez à l’un de ces manuels, nous vous enverrons le fascicule de pré sentation correspondant. Vous au rez alors entre les mains la table des matières, une leçon commentée et un lien vers le site dédié au manuel, qui s’enrichira au fil des mois qui viennent. D’ici à la parution sur pa pier, vous pourrez prendre connais sance du contenu des leçons dans leur version digitale. Dans ce numéro de la Lettre, retour aux sources : du contenu éditorial riche, avec des contributions de Si mon Serverin, Catherine Lemaitre, Bruno Jactat, Saki Ishii et Chloé Bellec. Bonne lecture !

Enseigner la communication aux étudiants de niveau A2

L’édito de bruno vannieu

2022 est une année charnière pour Alma. Nous allons simplifier consi dérablement le système de mots de passe pour les ressources digitales qui complètent nos manuels. Celles ci sont très utiles même quand on est retourné en présentiel (projection du manuel digital, etc.) et il était temps de faire le ménage dans un système créé dans l’urgence au début de la crise du Corona. C’est une année importante aus si avec la parution de trois manuels qui étaient en préparation depuis plu sieurs années : Moi, je… Communica tion A1 (la refonte du manuel actuel),

Simon Serverin est professeur à l’université Sophia. Il travaille depuis une dizaine d’an nées sur “la suite de la Méthode Immédiate”, qui est plutôt pensée pour les débutants de première année. Il a publié en 2018 un ar ticle qui posait les bases de son approche, et qui a obtenu le prix de la SJDF cette an née-là. Il est maintenant en train de termi ner un manuel basé sur cette approche : “Moi, je… Communication A2”. Il nous a ex pliqué sa démarche et le manuel pendant le 20 e Laboratoire d’automne qui a eu lieu le 25 septembre. Voici une transcription du début de son intervention, pour vous donner envie d’aller voir son atelier sur YouTube. Je pense que je suis peut-être le seul parmi vous à avoir appris une langue avec la Méthode Immédiate. Quand j’ai étudié le japonais à Paris 7, une de nos professeurs de japonais l’utilisait. C’était une excellente pédagogue, très dynamique. La MI a débloqué beau coup de choses chez moi. J’avais un rapport trop intellectuel au japonais, et la langue était si difficile. Ça me pa raissait presque insurmontable ! Mais pendant ses cours on avait l’impres sion qu’en fait, c’était juste des petites briques qu’on pouvait assembler pour faire des phrases et communiquer. Et que même si les phrases qu’on faisait

Sommaire

Enseigner la communication aux étudiants de niveau A2 Simon Serverin

page 1

Enseignant, le plus beau métier du monde ! Catherine Lemaitre

page 3

10 questions sur le prochain stage de formation certifiante Bruno Jactat

page 4

Le concours de vocabulaire Saki Ishii

page 6

La dictée avec correction collaborative Chloé Bellec

page 7

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n’étaient pas forcément les phrases qu’un natif japonais aurait faites, au moins on arrivait à dire ce qu’on avait à dire. Ces cours étaient non seulement très amusants, mais ils nous permet taient aussi de donner vie à ce qu’on faisait dans les autres cours. Pour moi, ça a été vraiment une décou verte, et je peux vous dire qu’à chaque fois qu’on en parle avec des anciens de cette promotion, il est évident que tout le monde a beaucoup profité de cette méthode. Donc voilà, quand j’ai commencé à enseigner le français, il était clair que je voulais enseigner aux première année en utilisant la MI, et ça a très bien marché. Mais avec les étudiants

• La timidité narcissique, j’en parlerai après parce que c’est un peu plus abstrait. • Le manque de vocabulaire. Si on n’a pas les briques pour produire des phrases, on ne peut rien produire. C’est aussi bête que ça. • Le manque de compétence straté gique. Qu’est-ce que j’appelle la compé tence stratégique ? Le problème, c’est que quand nos étudiants essayent de communiquer en français des choses complexes, ils ont dans la tête ce qu’ils auraient dit en japonais et ils essayent de le traduire en français. Quand vous parlez dans votre propre langue, vous

Soit ils basculent en japonais, soit ils disent que c’est trop dur, soit, pour les plus audacieux, ils essayent, mais ça n’aboutit à rien. Donc cette compé tence stratégique, j’ai décidé d’essayer de l’enseigner en classe. Pour moi, ça tourne autour de deux points principaux : • Il faut leur apprendre à devenir syn thétique , c’est-à-dire à organiser, à hiérarchiser leur discours pour qu’il soit clair. • La synthèse va de pair avec un autre mouvement, qui est à mon avis encore plus difficile pour les élèves, c’est la simplification . Même quand on organise son dis cours, quand vous voulez expliquer

de deuxième an née, il n’y avait pas la même étin celle et j’étais un peu frustré de mes cours. J’avais l’im pression que les étudiants s’en nuyaient un peu, que je faisais des choses trop simples, c’est-à dire trop proches de ce qu’on faisait en première an née. Ils avaient fait beaucoup d’efforts en première année pour apprendre la grammaire, pour répéter conscien cieusement les

de façon juste le film Harry Potter, vous vous rendrez vite compte que c’est compliqué. Il y a beaucoup de mots que vous ne connaissez pas et c’est difficile à im proviser lors d’une conversation orale. Donc il faut aussi apprendre à sim plifier ce que vous voulez dire. pas évident pour les étudiants à la fois d’apprendre à or Ce n’est

L’atelier de Simon Serverin pendant le 20e Laboratoire d’automne.

conversations de base, se présen ter, parler de leur famille, etc. Mais maintenant, ils voulaient passer à autre chose. Et quand j’essayais de leur faire faire autre chose, c’est-à dire de leur faire faire des activités plus créatives où il y avait plus de li berté dans leur production orale et écrite, notamment ce qu’on pouvait trouver dans les manuels français de FLE, c’était beaucoup trop dur. Je sentais qu’ils avaient envie de faire des choses intéressantes, mais en fait, ils n’avaient pas le niveau. Au fur et à mesure de mon expérience de classe, j’ai tenté plusieurs choses, et peu à peu je suis arrivé à cerner un peu les trois problèmes fondamen taux des étudiants en A2 :

pouvez avoir une formulation qui est désordonnée. Et ce n’est pas grave parce que, comme vous êtes un très bon locuteur, vous allez réussir à vous rattraper. Donc l’exemple que je donne souvent, c’est que quand vous parlez avec des deuxième année et que vous leur demandez quel est leur film pré féré, ils vont tous pouvoir dire “J’aime Harry Potter.” Ils l’ont appris en pre mière année, il n’y a pas de problème. Mais quand vous leur demandez quelle est l’histoire de Harry Potter, les étu diants sont complètement bloqués. Ils ont dans la tête une explication qui aurait été celle qu’ils auraient donnée en japonais. Ils se rendent compte qu’ils seront incapables de le dire en français. Et en fait, ils renoncent.

ganiser ce qu’ils veulent dire et aus si d’apprendre à simplifier. Ils ont du mal à faire ce que j’appelle le deuil de l’énoncé parfait , c’est-à-dire à re noncer à ce qu’ils auraient aimé dire. Et l’autre chose, c’est que ça demande une intelligence stratégique, un peu comme un jeu. Parfois, il faut expli quer les choses dans la langue étran gère d’une façon différente que dans votre propre langue. J’ai commencé à réfléchir à des exercices pour leur faire comprendre que parler dans une langue étrangère, c’est utiliser des mots qu’on connaît et essayer de les organiser de la façon la plus simple possible pour faire passer un mes sage. Vous avez votre vocabulaire, et vous arrivez à l’organiser à peu près

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pour pouvoir faire passer votre mes sage. Et c’est à mon avis une compé tence essentielle à acquérir lorsque vous parlez une langue étrangère. Si vous êtes capable de faire ça, en fait, vous serez capable de parler de n’im porte quoi. Mais ça s’apprend. Voilà, c’est donc comme ça que je le résume : communiquer dans une langue étrangère, c’est transmettre un message avec les limites du vo cabulaire et de la syntaxe qu’on connaît. C’est assez fort, je pense, dans le sens où il faut accepter aus si que lorsque vous parlez en fran çais, vous n’êtes pas locuteur na tif, donc vous ne parlerez pas aussi bien qu’un Français. Et du coup, ça vous demande d’autres stratégies, une autre façon de réfléchir sur la langue. Souvent, quand on apprend le français, on lit des textes, des conversations de personnes qui dis cutent dans un français naturel, cou rant. Je pense que c’est une erreur de vouloir les imiter parce qu’en fait ce n’est pas vraiment possible. Ce n’est possible que quand vous de venez très très bon dans la langue. Mais au début, il vaut mieux essayer de se concentrer sur des formula tions simples, faciles à réutiliser, fa ciles à imiter, même si ce n’est pas forcément celles qu’aurait utilisées un natif. Tous ces éléments de réflexion, j’ai commencé à les appliquer en cours il y a presque dix ans. Petit à petit, je les ai fait mûrir avec différents types d’exercices que j’ai mis en place. Et là, en ce moment, je suis en train de travailler sur Moi, je… communi cation A2 , un manuel pour les deu xième année qui est basé sur ces cours et sur ces exercices. J’ai merais vous montrer comment ça marche et vous faire faire d’ailleurs aussi un exercice concret qui repré sente bien cette façon de penser.

Le cap fatidique des dix ans est donc largement dépassé sans qu’un seul instant je me sois ennuyée, sans avoir jamais éprouvé le moindre sen timent de démotivation ou de possé der suffisamment mon sujet pour commencer à me tourner vers autre chose. Chaque jour m’apporte son lot de découvertes et de richesses grâce à la préparation des cours qui dure du lever au coucher car j’y inclus tout ce qui touche à la vie quotidienne, qu’elle soit professionnelle, cultu relle ou intellectuelle : lire, écouter la radio, regarder la télé ou un film, discuter avec mes collègues, voya ger, bref, vivre et faire toutes sortes d’expériences susceptibles de nour rir et d’enrichir mes cours. Sans ou blier bien sûr les échanges avec les élèves pendant et en dehors des cours. Chaque jour m’apporte aussi son lot d’adrénaline et de petits défis : Com ment sera la classe aujourd’hui ? L’alchimie fonctionnera-t-elle ? Y aura-t-il des trouble-fête, des dor meurs ou des mauvais coucheurs ? Les élèves seront-ils attentifs, in téressés, curieux, satisfaits ? Pren dront-ils plaisir à la classe ? Vais-je savoir répondre à leurs questions ? Apprendre une langue étrangère, c’est s’ouvrir à des émotions et à des sentiments qu’on n’a jamais ressentis parce qu’ils n’ont jamais été exprimés de cette manière dans sa langue maternelle. c’est devenir un autre soi.

Enseignant, le plus beau métier du monde ! LE B I LLET DE CATHER I NE

Catherine Lemaitre est enseignante de FLE, d’histoire de l’art et d’écriture créa tive. Elle travaille sur un “ Vademecum du prof de langue ” à paraître chez Alma, dont voici le texte inaugural. Franchir le portail de l’université et traverser le campus au milieu des flopées d’étudiants qui se pressent vers leur salle de cours, sac au dos, me remplit chaque semaine d’un bonheur indicible ! J’ai commencé le métier d’ensei gnante de français langue étrangère sur le tard, après une carrière de journaliste, traductrice puis éditrice en grande entreprise. Jusqu’alors, tous les huit à dix ans, le sentiment d’avoir fait le tour, la lassitude ou la déception me poussaient imman quablement à larguer les amarres, à changer d’établissement ou d’orien tation. En 2010, j’ai passé le DUFLE et commencé à enseigner le FLE (avec une spécialisation en écri ture et en histoire de l’art, res pectivement mon métier et ma formation initiaux) à l’Institut fran çais de Tokyo, puis à l’université.

Voilà, nous aurions aimé mettre la transcription com plète de cet atelier passion nant dans la Lettre, mais ce n’était pas possible faute de place. Allez voir la suite sur YouTube !

Cliquez ici pour regarder l’atelier complet

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Question 1 : Pourquoi une formation à la Méthode Immédiate ? BJ : Eh bien, les professeurs qui doivent faire face à des classes par fois énormes et peu motivées pour les langues étrangères, du type “ Français Basique, Communication orale 1 ”, peuvent vivre des moments découra geants. Quand vous devez enseigner une langue vaguement attrayante mais sans utilité pratique évidente, comme le français ou l’allemand, à 40 étudiants peu inspirés, prêts à contrer tous vos efforts et votre bonne volonté avec leur formidable pouvoir collectif d’inertie, vous pouvez en baver. C’est dans ce contexte que laMéthode Immédiate est née, dans des classes d’université japonaises, il y a 25 ans. Elle a été à l’origine d’une mini-révolu tion dans le monde de l’enseignement du français au Japon. Mais au lieu de voir des têtes tomber sous des guillo tines, quelque chose d’autre s’est pro duit : les enseignants ont commencé à réussir à faire parler leurs élèves dans une deuxième langue en classe. C’était pratiquement du jamais vu à l’époque. Question 2 : Il n’y avait pas de bons professeurs qui avaient des classes réussies avant ? Vraiment ? BJ : Bien sûr que si, certains ensei gnants obtenaient des résultats,

Quel imprévu faudra-t-il gérer ? Vais-je pouvoir renforcer leur mo tivation, contribuer à leurs progrès, apporter un plus à leur vie ? C’est ainsi que je puise dans ce quotidien une inépuisable source d’énergie, de joie et de satisfac tion. Y a-t-il plus noble activité que celle d’enseigner et d’apprendre, ce qui est la même chose ? Apprendre ne donne pas seulement des outils et des clés pour atteindre ses ob jectifs, professionnels ou autres. Apprendre ouvre au monde, fait grandir, accomplit, donne sens à la vie. Apprendre, en particulier une langue étrangère, et notamment le français qui n’est pas absolument “essen tiel pour réussir dans le monde ac tuel”, c’est accéder à un autre uni vers, c’est en quelque sorte renaître dans une autre langue et dans une autre culture, s’approprier de nou veaux outils non seulement pour ar ticuler sa pensée et sa réflexion mais aussi pour s’ouvrir à des émotions et à des sentiments qu’on n’a jamais ressentis parce qu’ils n’ont jamais été exprimés de cette manière dans sa langue maternelle. Apprendre une langue étrangère, c’est devenir un autre soi. Au Japon, les apprenants du fran çais n’ont souvent pas d’objectif pré cis. Ce qu’ils viennent chercher dans l’apprentissage de notre langue, c’est un goût de l’ailleurs, une éva sion, un enrichissement et un bain de jouvence. Les motivations des étu diants d’université sont encore plus floues, voire parfois inexistantes. Mais… ils ont 20 ans et la vie devant eux ! Et n’est-il pas exaltant pour l’enseignant d’endosser, en sus de son rôle traditionnel, également celui de guide vers cet ailleurs si riche en promesses et en découvertes, pour toute la vie future ? C’est pourquoi, oui, mille fois oui, dans nul autre endroit au monde je ne me sens plus à ma place qu’à l’école ou sur le campus de l’univer sité, alors qu’une nouvelle journée commence.

10 questions sur le prochain stage de formation certifiante “Méthode Immédiate”

Bruno Jactat est professeur titulaire à l’Uni versité de Tsukuba. Il était auparavant res ponsable de la formation des enseignants au YMCA de Kumamoto, et a ensuite formé des enseignants dans une dizaine de pays. Ses recherches portent sur le lien entre l’audition et l’apprentissage, les stratégies d’apprentis sage et les techniques d’enseignement de la communication orale. Il dirigera la deuxième formation certifiante pour enseignants orga nisée par Alma Publishing et le Labo-MI en février 2023 : “Enseigner l’expression orale dans les universités japonaises”.

La MI: des procédures concrètes, mais surtout un cadre.

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dans certains contextes. Ces ensei gnants faisaient de leur mieux pour être sympathiques, créer une atmos phère d’ouverture, faire travailler les élèves par paires et rendre la classe aussi interactive que possible. Et cela pouvait fonctionner, sur tout lorsque les groupes étaient petits, que les élèves n’étaient pas trop démotivés, que le rapport gar çons-filles était bon, des situations de ce genre. Mais comme je l’ai dit précédem ment, l’énorme pouvoir d’inertie que les groupes japonais semblent pos séder tendait à enliser la classe dans beaucoup de cas. Les enseignants essayaient, échouaient, et se rabat taient sur une approche éprouvée consistant à donner un peu de gram maire, un peu de ceci et un peu de cela. La MI a changé tout cela en fai sant quelques choix décisifs et radi caux. Question 3 : Quel est le plus impor tant de ces choix ? BJ : Les tests ! Attirer d’emblée l’attention des élèves avec le mot magique qui réveille les plus endor mis lorsque vous le dites à haute voix en classe : “TEST !” Au début, c’est la seule traction que nous avons avec certaines classes, alors nous en fai sons pleinement usage dès le départ.

Nous donnons des tests courts que tout élève est assuré de réussir, à condition qu’il se concentre bien sûr, et dépense une quantité raisonnable d’énergie pendant le cours. Nous veillons à ce que le proces sus de préparation des tests soit à la fois agréable (ils ont des interactions avec leurs camarades de classe) et fructueux (ils font des progrès, et en sont conscients). Et nous les récom pensons par quelques points qui entrent dans leur note finale. Et ce dès la deuxième classe de l’année, pour enclencher le processus rapi dement et le reproduire à chaque classe. Les élèves comprennent vite. Avant même de s’en rendre compte, ils ont pris de bonnes habitudes pour parti ciper en classe, l’ambiance est bonne et la classe roule. Et puis vient un jour où vous constatez que les tests ne sont plus indispensables pour la bonne conduite du cours, car à un moment donné, la classe n’a plus vraiment besoin de cette incitation. Question 4 : N’est-il pas triste de compter sur des tests pour forcer les élèves à étudier ? BJ : Eh bien, cela fait des merveilles. Un point important ici c’est que les tests dont nous parlons sont radica lement différents des examens tra

ditionnels. Ils sont amusants, brefs, utiles, et les élèves sont récompen sés pour leurs efforts. Un contrat tacite s’établit entre le professeur et les élèves, et ce contrat a du sens pour eux. Il est important de souligner que, malgré son nom, la MI n’est pas une méthode en soi, mais plutôt un cadre. Elle se compose de quelques lignes directrices qui, lorsqu’elles sont uti lisées ensemble, produisent des résultats cohérents et, si j’ose dire, étonnants. Dans ce cadre, un large éventail de pratiques pédagogiques peut être mis en œuvre, en fonction du contexte, du style de l’enseignant et d’autres facteurs. Question 5 : Donc, cette approche vient du terrain ? BJ : Absolument. Elle a émergé de la réalité des cours que quelques pro fesseurs créatifs donnaient dans des universités japonaises. Elle a ensuite été discutée et continuellement amé liorée au fil des années, à travers des événements comme le Laboratoire d’automne annuel, la publication de nombreux articles puis de plu sieurs livres, comme le livre de Bruno Vannieu, Enseigner l’oral au Japon . Contrairement aux systèmes théo riques, cette approche pédagogique s’est lentement cristallisée à partir de la base, en se fondant sur la réa lité culturelle de la classe japonaise. Question 6 : Cette approche n’est elle applicable qu’aux cours de com munication ? BJ : Pas du tout. En fait, les principes directeurs de la Méthode Immédiate sont actuellement appliqués par des professeurs qui donnent des cours de grammaire et même de lecture. Les procédures des tests courts et fréquents, ou encore le principe d’ex plications brèves sur un élément de grammaire ou culturel immédiate ment mis en pratique et de manière interactive entre étudiants, s’ap pliquent très bien à des contenus de cours différents. Les stagiaires découvrent comment le faire lors de la formation.

Apprendre à gérer le travail par paires.

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Question 7 : Que retirent les ensei gnants de cette formation ? BJ : Eh bien, il y a d’abord une récompense pratique - ils reçoivent un certificat qui peut représenter une ou deux lignes supplémentaires sur leur CV (il y a deux niveaux de cer tification, selon que les participants choisissent ou non de faire le travail final, qui représente environ deux à cinq heures de travail supplémen taire). Mais en réalité, le grand avantage qu’ils en retirent est d’apprendre et de mettre en pratique des astuces simples qui permettront à leurs classes de mieux réussir, surtout si elles sont nombreuses et peu moti vées. Je pense que c’est énorme, car la plupart des enseignants veulent réussir, et la frustration de ne pas obtenir de résultats peut vraiment vous ronger. Je parle d’expérience - pour moi aussi, il y a eu un “avant” et un “après” la découverte et l’applica tion de ces techniques. Question 8 : La formation est-elle pratique ou théorique ? BJ : Elle est 100% pratique. Nous passons en revue des techniques simples de gestion de classe qui peuvent être utilisées le jour suivant dans une classe réelle. Le seul cadre “théorique” que nous utilisons sans cesse est quelque chose qui s’est cristallisé à partir de la pratique en classe. Il s’agit essentiellement d’un triangle composé de trois critères qui facilitent la prise de décision concer nant les activités et les tests à intro duire en classe : la validité, l’effet de retour pédagogique et la “praticalité”, c’est-à-dire l’aspect pratique. L’aspect pratique est celui qui est généralement ignoré par les théori ciens qui ne sont pas dans la salle de classe. Vous devez toujours vous demander : “Cette activité (ou ce test) vaut-elle mon temps et mes efforts, ainsi que ceux des élèves ? Puis-je trouver un moyen de la rendre plus facile ou plus courte ? Pourrais-je limiter ou éliminer tout travail sup

plémentaire à fournir en dehors des heures de cours ? Essayer de minimiser vos efforts peut sem bler paresseux, mais c’est en fait la clé pour améliorer votre enseigne ment, car toute énergie économi sée sur quelque chose peut être uti lisée ailleurs. Et c’est essentiel à long terme pour éviter l’épuisement pro fessionnel. Cela vous portera natu rellement à varier votre pratique de classe, en trouvant toujours de nou velles façons de faire les choses. Je pense que c’est la clé d’une vie d’en seignant heureuse. Question 9 : Combien coûte cette formation et combien de temps faut-il y consacrer ? BJ : Le coût est de 20 000 yens pour les enseignants qui paient de leur poche et de 30 000 yens lorsqu’il est financé par un budget de recherche comme le kenkyuhi ou le kakenhi. Le temps à consacrer est comme suit : (1) cinq ateliers d’une heure et demie le matin, sur une semaine, (2) envi ron 30 minutes à une heure avant chaque atelier, pour lire et regarder des documents en ligne, et (3) envi ron 30 minutes après pour effectuer une tâche simple. La formation aura lieu pendant la deuxième semaine de février 2023, du 6 au 10. La partici pation au cours débouche sur le cer tificat de niveau 1. Les enseignants peuvent aussi choisir d’obtenir le cer tificat de niveau 2 s’ils accomplissent un travail final qui consiste à orga niser les différentes activités qu’ils auront créées pendant le programme dans un rapport de type portfolio. La réalisation de ce rapport final prend entre deux et cinq heures. Question 10 : Comment puis-je m’inscrire ? BJ : Vous pouvez utiliser le code QR ci-dessous pour vous inscrire ou signaler que vous vous intéressez à la formation. J’ai hâte de vous y voir !

Le concours de vocabulaire immédiat

Saki Ishii enseigne le français dans une université tournée vers le sport à Tokyo et au lycée international Wako dans la préfecture de Saita ma. Elle nous présente une varia tion du “test de vocabulaire” qui incite les étudiants à apprendre le vocabulaire de base des leçons et à le réviser. Situation en classe Lorsque j’ai essayé de faire pra tiquer la conversation dans mes cours au lycée et à l’université, j’ai eu l’impression que les élèves avaient peur de parler devant les autres. Il y avait rarement d’inte ractions spontanées. Pour sortir de cette situation, j’ai introduit un “concours de vocabulaire”. C’est une activité développée à partir des “tests de vocabulaire” de type Méthode Immédiate. Elle a lieu en quelques minutes au dé but de chaque session de classe. Les apprenants doivent préparer à l’avance et réviser le vocabulaire spécifié au cours d’avant.

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Inscription et information

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Le test se déroule par paires : • Ils s’interrogent mutuellement à l’oral. • Ils se notent mutuellement en utilisant la feuille de notation dont on peut voir un exemple ci-dessous. • Le test est très court : une mi nute seulement.

ne reste plus qu’une personne, celle qui a obtenu le nombre de points le plus élevé. C’est la gagnante de ce “concours de vocabulaire”. L’enseignant félicite la personne qui a obtenu le plus de points en disant “Bravo” ou “Très bien”, et tout le monde applaudit. L’enseignant consigne alors le nom du gagnant pour lui donner son point de bonus. Le fait de communiquer clairement aux apprenants que ce point va compter dans leur note finale les incitera à prendre cette activité au sérieux. Avantages éducatifs Fixer une limite de temps d’une minute et changer les paires à chaque fois peut créer une bonne tension pour les apprenants. En utilisant à bon escient le désir des apprenants de ne pas faire d’er reurs devant les autres, cette acti vité pousse clairement les étu diants à apprendre le vocabulaire à l’avance et à réviser, tout en étant très ludique.

La dictée avec correction collaborative : une autre manière de réaliser les tests de vocabulaire MI

Une feuille de notation

Les enseignants doivent préparer : • un chronomètre • des feuilles de notation photoco piées Quand le test est fini, chacun cal cule la note totale de son parte naire. Le professeur demande alors aux élèves de lever leur main tout en posant des questions successives : “Qui a eu plus de dix points ?” “Plus de 15 points ?” “Plus de…”. À la fin, il

Chloé Bellec enseigne le français à l’Uni versité du Tohoku. Elle nous présente une variation du “test de vocabulaire” de type Méthode Immédiate, qui incite les étudiants à apprendre le vocabulaire de base des leçons et à le réviser. Mon contexte d’enseignement J’enseigne actuellement le français à l’Université du Tohoku où je m’occupe de plusieurs classes de communica tion. J’avais pris l’habitude de démar rer mes cours de langue par un petit test de vocabulaire. J’ai cependant abandonné cette activité avec l’appa rition des cours en ligne : je perdais beaucoup de temps à préparer les for mulaires et remarquais que nombre d’étudiants trichaient, en utilisant des sites de traduction automatique. Après avoir suivi la formation MI et grâce aux nouvelles connaissances acquises lors de cet évènement, j’ai décidé de retenter l’expérience le semestre dernier. J’ai ainsi modifié l’activité des tests de vocabulaire clas sique pour l’adapter à mon contexte d’enseignement actuel où les cours peuvent être en ligne ou en présentiel. Le test de vocabulaire est devenu une dictée où la correction est réalisée col laborativement entre les étudiants.

Pour vous rendre compte de comment cela se passe concrètement, vous pouvez regardez l’enregistrement de cet atelier donné en japo nais lors du 20e Laboratoire d’automne. Il contient des vidéos de classe.

Cliquez ici pour regarder l’atelier en japonais

“Qui a eu plus de dix points?” “Plus de 15 points?” “Plus de…”

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Cours en ligne • Au début du cours avec l’application Zoom, je laisse les étudiants réviser 5 minutes dans les salles de discus sion les dialogues du cours précé dent. • Je fais une révision rapide des dialo gues appris et j’enchaîne avec la dic tée. • J’envoie un lien Google form. Ce Google-form sert aussi à prendre la présence. • Je lis 3 à 5 expressions en fonction du niveau et de la motivation des étudiants. • Dès que tous les étudiants ont rendu la dictée, nous regardons les réponses et je fais quelques com mentaires. Cours en présentiel • Au début du cours, j’explique le déroulement du cours, j’affiche la correction des exercices puis je laisse les étudiants réviser quelques minutes les dialogues du cours pré cédent. • Je fais une révision rapide des dialo gues appris et j’enchaîne avec la dic tée.

Le choix de la dictée J’ai choisi de remplacer le test écrit par une dictée parce que cela permettait : • d’empêcher toute tricherie à l’aide d’un site de traduction automatique. • de travailler la compréhension orale en plus de l’orthographe. • de gagner du temps : plus besoin d’imprimer les tests ou prendre du temps pour préparer à l’avance un Google form détaillé. La mise en place de l’activité Cette activité est réalisable de deux manières différentes en fonction du format du cours : en ligne, à l’aide d’un Google form très simple, ou en présen tiel avec l’utilisation des livrets bleus du manuel Moi, je… communication . Lors du cours précédant la dictée, je présente les fiches de vocabulaire situées à la fin du livret bleu et j’indique ainsi la dizaine d’expressions qui pour rait figurer dans la dictée. Les pistes audio accessibles sur le site internet peuvent être aussi utilisées pour véri fier la prononciation des phrases à retenir.

• Ils ferment leurs manuels et ouvrent le livret bleu sur une page vierge. • Je lis 3 à 5 expressions en fonction du niveau et de la motivation des étudiants. • À la fin de la dictée, ils échangent leurs livrets pour corriger la dictée de leur partenaire. • Je projette sur l’écran de la classe la fiche de vocabulaire et j’écris au tableau les numéros des expres sions données lors de la dictée. • Ils se corrigent, discutent et écrivent la note de leur partenaire sur leurs fiches de notes. La correction collaborative La correction entre étudiants permet d’alléger l’ambiance de la classe après la dictée. C’est un moment où les étu diants peuvent échanger et s’entraider. Les étudiants reçoivent tout de suite leurs notes. Ils ont tout de suite la récompense de leurs efforts. Il y a un gain de temps très conséquent pour le prof, car il n’y a plus de correc tion individuelle. Les étudiants écrivent eux-mêmes la note sur la fiche de notes. Compte-rendu de cette expérience Depuis la mise en place de cette acti vité, j’ai remarqué plusieurs change ments dans mes cours de français. Les retards sont devenus rares, les étudiants viennent en avance pour réviser pour la dictée. Les dialogues à la fin des cours sont aussi devenus plus détaillés, avec une reprise plus fréquente des expressions vues en classe.

Pour vous rendre compte de comment cela se passe concrètement, vous pouvez regarder l’enregistrement de cet atelier donné lors du 20e Laboratoire d’automne. Il contient des vidéos de classe.

Cliquez ici pour regarder l’atelier complet

La dictée ne prend que quelques minutes au début du cours.

Email: info@almalang.com www.almalang.com YouTube: Alma Publishing

Les étudiants se notent mutuellement.

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