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n’étaient pas forcément les phrases qu’un natif japonais aurait faites, au moins on arrivait à dire ce qu’on avait à dire. Ces cours étaient non seulement très amusants, mais ils nous permet taient aussi de donner vie à ce qu’on faisait dans les autres cours. Pour moi, ça a été vraiment une décou verte, et je peux vous dire qu’à chaque fois qu’on en parle avec des anciens de cette promotion, il est évident que tout le monde a beaucoup profité de cette méthode. Donc voilà, quand j’ai commencé à enseigner le français, il était clair que je voulais enseigner aux première année en utilisant la MI, et ça a très bien marché. Mais avec les étudiants

• La timidité narcissique, j’en parlerai après parce que c’est un peu plus abstrait. • Le manque de vocabulaire. Si on n’a pas les briques pour produire des phrases, on ne peut rien produire. C’est aussi bête que ça. • Le manque de compétence straté gique. Qu’est-ce que j’appelle la compé tence stratégique ? Le problème, c’est que quand nos étudiants essayent de communiquer en français des choses complexes, ils ont dans la tête ce qu’ils auraient dit en japonais et ils essayent de le traduire en français. Quand vous parlez dans votre propre langue, vous

Soit ils basculent en japonais, soit ils disent que c’est trop dur, soit, pour les plus audacieux, ils essayent, mais ça n’aboutit à rien. Donc cette compé tence stratégique, j’ai décidé d’essayer de l’enseigner en classe. Pour moi, ça tourne autour de deux points principaux : • Il faut leur apprendre à devenir syn thétique , c’est-à-dire à organiser, à hiérarchiser leur discours pour qu’il soit clair. • La synthèse va de pair avec un autre mouvement, qui est à mon avis encore plus difficile pour les élèves, c’est la simplification . Même quand on organise son dis cours, quand vous voulez expliquer

de deuxième an née, il n’y avait pas la même étin celle et j’étais un peu frustré de mes cours. J’avais l’im pression que les étudiants s’en nuyaient un peu, que je faisais des choses trop simples, c’est-à dire trop proches de ce qu’on faisait en première an née. Ils avaient fait beaucoup d’efforts en première année pour apprendre la grammaire, pour répéter conscien cieusement les

de façon juste le film Harry Potter, vous vous rendrez vite compte que c’est compliqué. Il y a beaucoup de mots que vous ne connaissez pas et c’est difficile à im proviser lors d’une conversation orale. Donc il faut aussi apprendre à sim plifier ce que vous voulez dire. pas évident pour les étudiants à la fois d’apprendre à or Ce n’est

L’atelier de Simon Serverin pendant le 20e Laboratoire d’automne.

conversations de base, se présen ter, parler de leur famille, etc. Mais maintenant, ils voulaient passer à autre chose. Et quand j’essayais de leur faire faire autre chose, c’est-à dire de leur faire faire des activités plus créatives où il y avait plus de li berté dans leur production orale et écrite, notamment ce qu’on pouvait trouver dans les manuels français de FLE, c’était beaucoup trop dur. Je sentais qu’ils avaient envie de faire des choses intéressantes, mais en fait, ils n’avaient pas le niveau. Au fur et à mesure de mon expérience de classe, j’ai tenté plusieurs choses, et peu à peu je suis arrivé à cerner un peu les trois problèmes fondamen taux des étudiants en A2 :

pouvez avoir une formulation qui est désordonnée. Et ce n’est pas grave parce que, comme vous êtes un très bon locuteur, vous allez réussir à vous rattraper. Donc l’exemple que je donne souvent, c’est que quand vous parlez avec des deuxième année et que vous leur demandez quel est leur film pré féré, ils vont tous pouvoir dire “J’aime Harry Potter.” Ils l’ont appris en pre mière année, il n’y a pas de problème. Mais quand vous leur demandez quelle est l’histoire de Harry Potter, les étu diants sont complètement bloqués. Ils ont dans la tête une explication qui aurait été celle qu’ils auraient donnée en japonais. Ils se rendent compte qu’ils seront incapables de le dire en français. Et en fait, ils renoncent.

ganiser ce qu’ils veulent dire et aus si d’apprendre à simplifier. Ils ont du mal à faire ce que j’appelle le deuil de l’énoncé parfait , c’est-à-dire à re noncer à ce qu’ils auraient aimé dire. Et l’autre chose, c’est que ça demande une intelligence stratégique, un peu comme un jeu. Parfois, il faut expli quer les choses dans la langue étran gère d’une façon différente que dans votre propre langue. J’ai commencé à réfléchir à des exercices pour leur faire comprendre que parler dans une langue étrangère, c’est utiliser des mots qu’on connaît et essayer de les organiser de la façon la plus simple possible pour faire passer un mes sage. Vous avez votre vocabulaire, et vous arrivez à l’organiser à peu près

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