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pour pouvoir faire passer votre mes sage. Et c’est à mon avis une compé tence essentielle à acquérir lorsque vous parlez une langue étrangère. Si vous êtes capable de faire ça, en fait, vous serez capable de parler de n’im porte quoi. Mais ça s’apprend. Voilà, c’est donc comme ça que je le résume : communiquer dans une langue étrangère, c’est transmettre un message avec les limites du vo cabulaire et de la syntaxe qu’on connaît. C’est assez fort, je pense, dans le sens où il faut accepter aus si que lorsque vous parlez en fran çais, vous n’êtes pas locuteur na tif, donc vous ne parlerez pas aussi bien qu’un Français. Et du coup, ça vous demande d’autres stratégies, une autre façon de réfléchir sur la langue. Souvent, quand on apprend le français, on lit des textes, des conversations de personnes qui dis cutent dans un français naturel, cou rant. Je pense que c’est une erreur de vouloir les imiter parce qu’en fait ce n’est pas vraiment possible. Ce n’est possible que quand vous de venez très très bon dans la langue. Mais au début, il vaut mieux essayer de se concentrer sur des formula tions simples, faciles à réutiliser, fa ciles à imiter, même si ce n’est pas forcément celles qu’aurait utilisées un natif. Tous ces éléments de réflexion, j’ai commencé à les appliquer en cours il y a presque dix ans. Petit à petit, je les ai fait mûrir avec différents types d’exercices que j’ai mis en place. Et là, en ce moment, je suis en train de travailler sur Moi, je… communi cation A2 , un manuel pour les deu xième année qui est basé sur ces cours et sur ces exercices. J’ai merais vous montrer comment ça marche et vous faire faire d’ailleurs aussi un exercice concret qui repré sente bien cette façon de penser.

Le cap fatidique des dix ans est donc largement dépassé sans qu’un seul instant je me sois ennuyée, sans avoir jamais éprouvé le moindre sen timent de démotivation ou de possé der suffisamment mon sujet pour commencer à me tourner vers autre chose. Chaque jour m’apporte son lot de découvertes et de richesses grâce à la préparation des cours qui dure du lever au coucher car j’y inclus tout ce qui touche à la vie quotidienne, qu’elle soit professionnelle, cultu relle ou intellectuelle : lire, écouter la radio, regarder la télé ou un film, discuter avec mes collègues, voya ger, bref, vivre et faire toutes sortes d’expériences susceptibles de nour rir et d’enrichir mes cours. Sans ou blier bien sûr les échanges avec les élèves pendant et en dehors des cours. Chaque jour m’apporte aussi son lot d’adrénaline et de petits défis : Com ment sera la classe aujourd’hui ? L’alchimie fonctionnera-t-elle ? Y aura-t-il des trouble-fête, des dor meurs ou des mauvais coucheurs ? Les élèves seront-ils attentifs, in téressés, curieux, satisfaits ? Pren dront-ils plaisir à la classe ? Vais-je savoir répondre à leurs questions ? Apprendre une langue étrangère, c’est s’ouvrir à des émotions et à des sentiments qu’on n’a jamais ressentis parce qu’ils n’ont jamais été exprimés de cette manière dans sa langue maternelle. c’est devenir un autre soi.

Enseignant, le plus beau métier du monde ! LE B I LLET DE CATHER I NE

Catherine Lemaitre est enseignante de FLE, d’histoire de l’art et d’écriture créa tive. Elle travaille sur un “ Vademecum du prof de langue ” à paraître chez Alma, dont voici le texte inaugural. Franchir le portail de l’université et traverser le campus au milieu des flopées d’étudiants qui se pressent vers leur salle de cours, sac au dos, me remplit chaque semaine d’un bonheur indicible ! J’ai commencé le métier d’ensei gnante de français langue étrangère sur le tard, après une carrière de journaliste, traductrice puis éditrice en grande entreprise. Jusqu’alors, tous les huit à dix ans, le sentiment d’avoir fait le tour, la lassitude ou la déception me poussaient imman quablement à larguer les amarres, à changer d’établissement ou d’orien tation. En 2010, j’ai passé le DUFLE et commencé à enseigner le FLE (avec une spécialisation en écri ture et en histoire de l’art, res pectivement mon métier et ma formation initiaux) à l’Institut fran çais de Tokyo, puis à l’université.

Voilà, nous aurions aimé mettre la transcription com plète de cet atelier passion nant dans la Lettre, mais ce n’était pas possible faute de place. Allez voir la suite sur YouTube !

Cliquez ici pour regarder l’atelier complet

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